Je me répète, vous allez dire que je radote ... Il nous faut un but, une vision, il nous faut imaginer notre futur pour cheminer vers lui.
Imaginer. On mobilise nos souvenirs pour imaginer, il faut bien partir de quelque chose. Donc si nos livres d'Histoire sont remplis de guerres et de conquêtes, comment imaginer autre chose pour le futur ? C'est faux de penser que les groupes humains se sont toujours organisés de manière hiérarchique ou que la conquête et la guerre ont toujours été leurs objectifs. D'autres histoires existent, je vous conseille cet excellent livre : Au commencement était ... une autre histoire de l'humanité, de David Graeber et David Wengrow.
Comment se lancer ? Avec quelle matière ? Imaginer l'avenir sans prendre en compte les enjeux écologiques, est-ce que cela a du sens ?
Effectivement, on pourrait imaginer que tout le monde mange viandes et poissons à chaque repas, possède une maison individuelle, deux SUV électriques et une pelouse verte en guise de jardin, voyage en avion au bout du monde pour les vacances... Dans ce cas, on imagine notre vie sans les enjeux écologiques mais avec nos rêves biberonnés à la publicité.
On pourrait donc dire qu'avant d'imaginer l'avenir, il faudrait être formé aux enjeux écologiques et ainsi on pourrait imaginer un monde à l'intérieur des limites planétaires. Cependant, est-ce qu'on ne passerait pas à coté de certaines possibilités ? Les enfants débordent d'imagination lorsqu'ils jouent et dans bien d'autres situations et je suppose que c'est aussi parce qu'ils n'ont pas encore intégré toutes les contraintes, limites, règles qui régissent le monde !
Alors quelle serait la bonne recette ? Comment s'affranchir du cadre dans lequel on est éduqué, dans lequel on a grandi (les conventions humaines) tout en acceptant d'autres limites (les limites physiques de notre planète) pour imaginer notre futur ?
On pourrait chercher l'inspiration dans nos passés, dans d'autres civilisations, enlever nos œillères occidentales et/ou anthropocentrées et s'intéresser à une autre histoire que celle des conquérants et de ceux qui ont gagné la guerre.
On pourrait s'appuyer sur des personnes qui semblent être plus imaginatives : les romanciers, les cinéastes, ... ceux et celles qui inventent des histoires et qui pourraient (ou ont la responsabilité ?) de nous proposer d'autres récits ... Ecoutez l'interview de Cyril Dion sur le sujet Récits : vers de nouveaux imaginaires dans le podcast Green Letter Club.
On pourrait formuler autrement : "imaginer le futur" ou "imaginer ce dont vous avez ou même ce dont nous, collectivement, avons besoin pour être heureux dans le futur" ?
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Parce que sans cette vision nous recommencerons les mêmes bêtises. Par exemple, faire la transition énergétique sans interroger nos besoins, c'est continuer de foncer droit dans le mur. Aurélien Barrau le dit beaucoup mieux que moi : Pourquoi ne réagissons-nous pas face à l’urgence climatique ? Et si nous interrogions la question ? - YouTube.
On a besoin de savoir où on veut aller. On n'aboutira pas à une vision claire et partagée du premier coup. Faire l'effort d'imaginer ce qui est important, vital à nos yeux (au sens de la vie ne vaut pas d'être vécue si ... ) n'est pas si évident. On a envie d'ajouter encore un petit quelque chose à chaque fois.
"La vie ne vaut pas d'être vécue ... si je ne peux plus communiquer avec les gens que j'aime, s'il n'y a plus de livres, s'il n'y a plus de forêts, d'oiseaux ..." Que dira-t-on si quelqu'un répond "La vie ne vaut pas d'être vécue ... si je n'ai pas de Rolex à 40 ans" ? 🤐
Il faut qu'on saisisse chaque occasion d'imaginer ce dont nous avons besoin pour être heureux dans le futur pour mieux agir aujourd'hui.
Enfin, je vous laisse avec lecture d'une nouvelle truculente, la nouvelle qui a remporté le premier prix du concours des Shift et des Lettres sur le thème de la France bas-carbone en 2050 : Titane Hic 2050 | Le Shift et les Lettres (concoursdenouvelles.wixsite.com)
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