3714, c'est le nombre d'espèces animales en danger critique d'extinction aujourd'hui. (source : UICN)
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J'ai profité il y a quelques jours d'une visite guidée de l'exposition Tout contre la Terre au Muséum d'histoires naturelles de Genève, merci Chloé. Une salle m'a particulièrement remuée : au mur, 2635 "portraits" représentant les 2635 espèces animales déclarées en danger critique d'extinction au moment où l'artiste a commencé son projet. Il s'était fixé la mission de dessiner une espèce par jour. Sept ans, 1 mois et 20 jours plus tard, ce n'est plus 2635 mais 3714 espèces animales qui sont concernées.
Cela peut paraitre peu ou beaucoup, ... comment se prononcer avec seulement ce nombre. Dans cette salle, où 2635 "portraits" étaient présents au mur, cela m'a semblé beaucoup trop. Ce n'étaient pas seulement 2635 individus, c'étaient 2635 représentants de leur espèce. J'ai cherché les critères pour être déclarée espèce en danger critique, je vais tenter d'en illustrer deux.
- Réduction rapide de la population d'une espèce plus de 90% en dix ans ou en trois générations. Imaginez : aujourd'hui dans l'organisation dans laquelle vous travaillez, vous connaissez de près ou de loin une centaine de collègues. Vous voilà, propulsé(e) dix ans plus tard, vous regardez autour de vous, les bureaux sont vides, il ne reste qu'une dizaine de personnes...
- Population estimée à moins de 50 individus adultes. 50, c'est le nombre d'élèves que nous étions dans ma classe de prépa, c'est à peu près le nombre de places assises dans un autocar ! On connaît tous plus de 50 personnes : famille, amis, collègues, voisins... Regardez combien de relations vous avez sur les réseaux sociaux, combien d'invités à la dernière fête de famille ! Vous visualisez 50 ? Alors voilà, à partir de maintenant, nous ne sommes plus que 50 personnes de notre espèce et nous devons survivre. "Bonjour l'angoisse !"
Nous, espèce humaine, sommes à l'origine de ce déclin accéléré de la biodiversité (je n'ai mentionné que les espèces animales mais la liste rouge de l'UICN concerne toutes les espèces vivantes). Cette phrase, je l'avais déjà lue et entendue. Cependant, je ne l'avais encore jamais vécue comme je l'ai vécue en entrant dans cette salle de l'exposition Tout contre la Terre.
C'est le superpouvoir de l'art.
Et alors quoi ? Est-ce qu'on se laisse emporter par notre colère, notre tristesse ou notre culpabilité ? C'est bien tentant de baisser les bras mais NON !
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J'ai décidé de ne pas me battre contre mes émotions. J'ai plutôt laissé la vague me porter et me redéposer sur le rivage. Et, le lendemain de ma visite au muséum, croyez-le ou non, je lisais dans le Courrier International que la réintroduction du rhinocéros noir en Zambie était un succès, un article écrit par le journal Reasons to be cheerful.
#Lorsqu'on n'est pas superstitieuse mais que le ciel vous envoie quand même un signe !
Chaque espèce compte, chaque dixième de degré compte, on ne lâche rien, je compte sur vous.
Article écrit en écoutant les Quatre saisons (incertaines) de Vivaldi (et aussi : le projet The uncertain four seasons d'Act Now, ici)
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