Qui a dit qu’il ne se passait rien en Suisse, épisode 3 !
Comment être citoyen, avoir des opinions politiques et ne pas être catalogué uniquement pour ses opinions ?
Il y a quelques mois, Guillermo Fernandez commençait une grève de la faim sur la Place fédérale, à Berne, afin que les parlementaires suisses acceptent d’écouter les scientifiques du GIEC. Trente-neuf jours plus tard, la présidente du Conseil national annonçait que la séance de présentation des rapports du GIEC et de l'IPBES (l’équivalent du GIEC pour la biodiversité) se tiendrait le lundi 2 mai. Lundi 2 mai, Berne : seulement un tiers des parlementaires étaient présents pour cette rencontre. Les autres parlementaires avaient peut-être piscine ? Trêve de plaisanterie, l'un d'entre eux Philippe Nantermod s'est expliqué, je le cite : "Je ne suis pas d'accord que ce soit un groupuscule qui décide de l'ordre des priorités des politiciens élus. Le climat ne doit pas être considéré comme une priorité supérieure aux autres" et "Il faut voir d’où vient l’impulsion et s’intéresser de plus près au discours de certains — pas tous, je dois le dire — scientifiques présents lors de cette conférence. Ce sont des gens issus du milieu anticapitaliste et décroissant."
Julia Steinberger, professeure à l'université de Lausanne et auteure des rapports du GIEC, s’est sentie particulièrement visée et lui a répondu.
Comment être scientifique, chercheur, climatologue, ..., se prendre toutes les données de la crise climatique dans la figure et ne pas réagir ? Certains diront que l’engagement des scientifiques peut nuire à leur message. Mais aujourd'hui qu'ont-ils à perdre ? Leur message est clair depuis tant d’années et la non-prise en compte du message au plus haut niveau encore plus !
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Comme le dit Julia Steinberger, les experts du GIEC sont aussi des citoyens comme les autres : "En tant que citoyens, nous avons le droit à nos propres convictions politiques! Nous avons aussi le droit de les exprimer ouvertement [...]"
Lorsqu’ils arrivent avec le diagnostic de la crise environnementale, on leur dit qu’ils ne sont que des porteurs de mauvaises nouvelles, qu’ils n’apportent pas de solutions. Lorsqu'ils arrivent avec des scénarii de transformation de nos sociétés pour tenter de rester en-dessous des 2°C d'augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre, on leur rétorque qu'ils font de la politique. Les auteurs des rapports du GIEC ou de l'IPBES ne prennent pas de décision politique mais nous montrent les conséquences des choix politiques que nous avons fait, que nous faisons et que nous ferons en matière de climat.
Oui, c'est un choix de société, donc c'est politique. Je suppose que nos décideurs politiques ne l'ont pas encore compris. C'est pour cela qu'ils auraient dû assiter à la rencontre du 2 mai en Suisse et qu'ils devraient suivre une formation climat en France.
Je soutiens donc cette pétition qui demande que le Président français et son futur gouvernement prennent le temps de suivre une formation et cette proposition de loi pour que l’ensemble des élus français puissent être formés. Et c’est pourquoi, je salue le mouvement Scientist Rebellion qui s’est exprimé en France et en Suisse ces dernières semaines.
Parce qu'une fois que tu sais,
tu ne retrouveras peut-être plus le sommeil,
mais surtout tu ne pourras pas rester les bras croisés …
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