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Climat et justice ?

Il y a quelques semaines, j'écrivais "Donneur de leçons" et je n'étais pas sûre de mes mots pour exprimer clairement mes idées.

Et voilà que je découvre le dossier du Courrier International de cette semaine Les nouvelles voix de la décolonisation. Quel lien avec la transition écologique ? Et bien d'après Olúfémi O. Táíwò, philosophe américain, il faudrait "replacer les effets du changement climatique au cœur de la question des réparations [réparations pour l'esclavage et la colonisation], et repenser l’héritage de la colonisation et la notion de justice."


Une manière de faire converger les revendications de réparations pour l'esclavage et la colonisation avec l'accord sur le fond "pertes et dommages" obtenu à l'arraché lors de la COP27 ?


Il est indéniable que les pays les plus vulnérables au changement climatique ne sont pas ceux qui ont émis le plus de gaz à effet de serre jusqu'à présent. Autre donnée importante, si aujourd'hui, les pays occidentaux devraient contribuer à ce fond, ce ne serait pas seulement parce qu'historiquement ils ont émis plus de GES mais aussi et surtout parce qu'ils ont profité du système esclavagiste puis colonial pour bâtir leur richesse et le niveau de vie dont nous profitons actuellement.


Mais ce fond de "pertes et dommages" est destiné à des Etats, les revendications de réparations pour l'esclavage et la colonisation concernent des personnes, des populations dans nos pays occidentaux.


Extrait de l'article Olúfémi O. Táíwò, la révolution par le climat


Pour Olúfémi O. Táíwò, tenter de construire un monde juste sans tenir compte du changement climatique (lutte et adaptation) serait comme construire sa maison avec des fondations mal réalisées.


"If you want to build a house, you would think about the foundation of the house. [..] So the question for people who are on team racial justice is: is a world with huge climate-related disruptions to migration and movement, sea-level rise, natural disasters, balances of power between militaristic, great powers, a good or bad foundation for racial justice? I think it's clearly a bad one."


Cependant quelle écologie pour les pays du Sud ? Quelle écologie pour l'ensemble des populations : blanches, noires, jaunes, autochtones, "indéterminées", de la ville, des banlieues ou des campagnes, femmes, hommes,... au Nord comme au Sud ?


#ClimateStrike Rally 9-20-19. Original public domain image from Flickr


Il ne faut pas redevenir donneur de leçon, comme nous le rappelle cette tribune provocatrice d'Aby L. Sène, professeure à l’université de Clemson (Caroline du Sud),“Sauver l’Afrique des écologistes”. (lire l'article du Courrier International : Pour une décolonisation de l’écologie en Afrique). Il faut reconnaître les savoirs des populations locales comme le soulignent les expertes interrogées dans le film SHE Changes Climate.

Et sous nos latitudes ? Elargissons notre écoute...

Au détour d'une interview de Blast sur l'écologie pirate avec Fatima Ouassak, j'ai découvert Verdragon, la maison de l'écologie populaire, un lieu où se rejoignent l’urgence climatique et les besoins de justice, d’égalité, de dignité des habitants.es des quartiers populaires.

Ou encore les écoféminismes décrites par Myriam Bahaffou dans le podcast Présages ...


On ne sera pas d'accord avec tout, on voudra s'approprier certaines choses,... mais le plus important n'est-il pas de prendre conscience des différences, de les accepter humblement et d'aller plus loin que celles-ci pour reconnaitre notre rêve commun : un monde où nos enfants pourront VIVRE.



PS :

- Dans cet article, j'ai à peine effleuré les travaux de Olúfémi O. Táíwò. Je n'ai pas lu ses livres mais je vous recommande vivement la lecture de son portrait dans le Courrier International et de cette interview sur opendemocracy.

- Pour en savoir un tout petit peu plus, sur les réparations pour esclavage et colonisation, voici un article du journal du CNRS. J'en ai extrait quelques lignes, ci-dessous, qui donnent un éclairage cruel des disparités actuelles entre pays.

- Et enfin, Myriam Bahaffou, interrogée par le podcast Kiffe ta race, podcast que j'apprécie tout particulièrement.


Comment commencer sa vie de jeune nation avec des dettes ?

Haïti est un cas particulier : dans les autres colonies, c’est l’État français qui a décidé de l’abolition de l’esclavage et a versé une indemnisation aux propriétaires esclavagistes. À Saint-Domingue, la plus importante colonie française à la fin du XVIIIe siècle, les esclaves se sont soulevés et la colonie est devenue indépendante en 1804. C’est la France de Charles X, en 1825, qui a exigé d’être dédommagée pour le compte des propriétaires français de plantations, en menaçant de ne pas reconnaître officiellement la République haïtienne. Le règlement des 150 millions de francs-or réclamés par la France s’est achevé en 1883. (La dette renégociée sera ramenée à 90 millions de francs-or en 1838.)










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