J'essaie de consommer des produits issus de l'agriculture biologique et j'entends parfois cette petite phrase "il n'y a que les bobos qui peuvent se permettre de manger bio, ils se donnent bonne conscience!". J'avoue, ce genre de réflexion ne me plait guère pour plusieurs raisons mais je vais tenter de rester factuelle et argumenter sans m'énerver !
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Premièrement, je ne sais pas vraiment ce que veut dire "bobo" alors je vais me concentrer sur l'agriculture biologique. Les raisons pour lesquelles je consomme bio ont évolué au fil du temps.
Il y a quelques années, l'agriculture biologique signifiait pour moi : moins de pesticides et d'engrais de synthèse. L'avantage que j'y voyais était un moindre risque sur la santé des consommateurs et des agriculteurs, utilisateurs de ces produits. Si on souhaite ramener cet avantage à une donnée économique, il y a un effet direct sur le budget de la Sécurité Sociale !
Puis, mon point de vue a évolué, je me suis intéressée au cycle de l'eau, à sa qualité et par extension aux services environnementaux rendus par l'agriculture biologique. Des initiatives intéressantes étaient expérimentées, comme à Munich (Munich : le « bio » pour une eau non traitée). Dire que manger "bio" coûte plus cher, c'est vrai si on ne considère que le prix des aliments mais si, au prix des aliments conventionnels, on ajoutait toutes les taxes mentionnées sur notre facture d'eau pour la rendre potable ? Faudrait-il rémunérer les agriculteurs "bio" pour service environnemental rendu ?
En poussant la notion de service rendu, on peut aussi constater que la réduction des pesticides permet la conservation de la biodiversité. Les abeilles, les papillons sont essentiels à la pollinisation des cultures.
Ensuite, la pandémie a frappé. Vous vous souvenez de ces longues semaines de confinement pendant lesquelles on en voulait au pangolin et on désirait un monde d'APRES différent. On ne devait pas tous avoir le même idéal pour APRES parce que je n'ai pas vu grand chose de différent. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir eu des explications d'experts et j'ai retenu cet argument de bon sens. Nos élevages intensifs d'animaux standardisés sont des zones à risque pour les transmissions de maladies : - proximité / promiscuité des animaux, - patrimoine génétique peu diversifié : 70% des vaches laitières en France sont de la race Prim'holstein, le taureau géniteur Jocko Besne décédé en 2012 aurait à lui seul entre trois et quatre cent mille vaches descendantes. Cette sélection est dictée par un très bon rendement pour les éleveurs mais que se passera-t-il si une maladie trouve là un terreau fertile à la propagation ? Des élevages entiers de visons ont été abattus à cause du Corona virus. Est-ce que nous voulons encore de ce type d'élevage ?
Enfin, si nous analysons les émissions de gaz à effet de serre, l'agriculture n'est pas à la traîne ... méthane et protoxyde d'azote sont ses stars avec des pouvoirs trente et trois cent fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone. D'où viennent-ils ? Le méthane est essentiellement émis par nos élevages bovins. L'épandage d'engrais azotés dans les champs provoque des émissions de protoxyde d'azote dans l'atmosphère. Et pour refermer la boucle, une partie de cet apport d'azote finit par contaminer les cours d'eau, les nappes aquifères, ... on revient au cycle de l'eau mentionné précédemment.
Bobo ou pas, je veux juste une alimentation qui préserve notre santé et la qualité de l'eau, conserve la biodiversité, réduise les émissions de gaz à effet de serre !
Et le label biologique en Europe est ce qui se rapproche le plus de ces critères. Alors vive la bio !
Ma mindmap "agriculture écologique"
PS : et en plus, il parait qu'on pourrait nourrir l'Europe avec une agriculture bio => Une Europe bio et autosuffisante en 2050 c’est possible, selon le CNRS
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