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Le digestat et ... la complexité du monde - 6

La semaine dernière, j'ai tenté de vous présenter la méthanisation sans a priori. Aujourd'hui, je fais un zoom sur le digestat. Ce n'est pas le sujet le plus tendance du moment ni le plus facile mais j'ai tenté de vous faire une version simple. Vous aurez peut être plus de questions à la fin qu'au début 😉 Dans ce cas, je vous indique mes sources à la fin et puis contactez-moi, et ce sera un plaisir d'en discuter autour d'une tisane des Alpes 🍵ou d'un verre de vin du Valais🍷!


Petit rappel : le processus de méthanisation produit du biogaz et un résidu pâteux, appelé digestat. Celui-ci comporte des matières organiques, des minéraux dissous et de l’eau.

Alors que faire avec ce digestat ? Quelles sont ces propriétés ? Est-ce un déchet de plus ?


Lors de la "digestion" par les micro-organismes dans le méthaniseur, les matières organiques contenant de l'azote sont en partie décomposées. Une partie de l'azote se retrouve ainsi sous forme minérale. C'est cette forme minérale qui est nécessaire aux plantes pour leur croissance.

Le digestat est donc un fertilisant renouvelable : il apporte des minéraux (azote principalement mais aussi potassium et phosphore) directement assimilables par les plantes.

Cependant, pour l'azote, cette forme minérale est l'ammoniac, très volatil. Il faut donc prendre des précautions lors de son épandage et l'enfouir sinon il finit dans l'air et contribue à la formation de particules fines.

Les conditions d'épandage sont essentiels : météo, caractéristiques du sol (type de sol, humidité au moment de l'épandage, compacité, ...), période de croissance des cultures.

Comme pour les engrais minéraux de synthèse, les lisiers ou le compost, on ne fait pas de l'épandage quand on en a mais quand toutes les conditions sont optimales. Par exemple, à l'automne, l'épandage est recommandé pour le colza qui a de forts besoins à cette période et valorise bien l'azote minéral apporté et doit être éviter pour les céréales qui ont des besoins très faibles à ce moment. L'azote minéral en excès va alors polluer les eaux superficielles et souterraines. Il faut donc prévoir des "bacs" de rétention des digestats, étanches, pour pouvoir les utiliser au meilleur moment.

On comprend mieux le savoir-faire agricole nécessaire.


Le digestat comporte aussi de la matière organique, une partie de l'azote est d'ailleurs toujours sous forme organique. Cet azote sera libéré progressivement par minéralisation, sous l'effet de l'activité des micro-organismes.


Il en ressort que le digestat a des propriétés fertilisantes et amendantes du sol. Ces propriétés peuvent être dissociées grâce à la séparation de phase et va produire :

- un digestat liquide, fertilisant avec l'azote sous forme ammonicale et le potassium

- un digestat solide, amendant avec la matière organique et le phosphore.


Photo de Haniel Cal sur Unsplash


Par ailleurs, il n'existe pas un mais des digestats aux caractéristiques variables, en fonction de la qualité de intrants (tout comme pour les composts). Le fumier de bovins et le lisier de volaille n'apporteront pas les mêmes composants, tout comme les biodéchets des ménages et les tontes des talus bordants les routes ne présentent pas le mêmes risques (possible présence de plastique pour les uns, de métaux lourds pour les autres). Des règles existent pour suivre la qualité des intrants ainsi que pour l'analyse des digestats en sortie.


Finalement, ce que je retiens de mes lectures :

- C'est une alternative renouvelable aux engrais minéraux de synthèse (petit détour par l'île de Nauru et l'extraction du phosphate)

- L'apport en matière organique semble aussi intéressant que le compost.

- Il n'y a pas un digestat mais des digestats aux propriétés variables qui dépendent des caractéristiques des intrants.

- Pour que l'épandage soit efficace et ne présente pas de risques, il faut prendre en compte les conditions météorologiques, les caractéristiques du sol, les périodes de croissance des cultures. On ne s'improvise pas agriculteur !

- Nous manquons de données concernant la persistance du carbone dans le sol en fonction de la forme de restitution : résidus végétaux, fumier, compost, ou digestat en sortie de méthaniseur.

Enfin, la recherche continue (exemple à l'INRAE), les connaissances vont donc s'accroître sur la filière de méthanisation et notamment sur les digestats.



Mes sources :

Aller plus loin en Suisse :

Qualitätsbericht 2010 (kompost.ch) P23 pour tableau compratif des teneurs en éléments nutritifs des composts et digestats






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