Le Courrier International, comme de nombreux médias, proposent des dossiers sur le climat à l'occasion de la COP27. Et c'est ainsi que j'ai découvert la grande vulnérabilité de la Mongolie au changement climatique puis en faisant quelques recherches supplémentaires, la mine de Tavan Tolgoi mais aussi le groupe de metal The Hu !
Courrier International : En Mongolie, la succession d’hivers trop froids et d’étés trop secs menace le pastoralisme
On pense Mongolie, on imagine un peuple nomade vivant avec ses troupeaux dans les steppes ... une vie en harmonie avec la nature ? La réalité est quelque peu différente.
Unsplash, by Audrius Sutkus
Seul un tiers environ de la population sont des nomades et vivent de l'élevage de chevaux, de bovins, de moutons, de chameaux, de chèvres.
La taille des troupeaux et leur nombre ont beaucoup augmenté à la fin de l'ère communiste, notamment les troupeaux de chèvres à cachemire qui offraient des débouchés économiques plus intéressantes. Les pâturages ne sont plus assez étendus et n'ont pas le temps de se régénérer face au nombre de bêtes. Ajoutez à cela le changement climatique qui affecte déjà durement la Mongolie. Ici, l'augmentation des températures est supérieure à d'autres région du globe, le permafrost fond, les sécheresses sont plus fréquentes, la désertification menace...
Les étés secs se succèdent, les pâturages moins verts offrent une nourriture moins abondante et une moisson de foin faible. Les animaux sont insuffisamment engraissés pour affronter un hiver rigoureux. Le dzud, "la mort blanche", guette.
"Le mot désigne un hiver particulièrement rigoureux, avec une quantité excessive de neige, une neige tellement gelée et dure que les animaux affaiblis ne parviennent pas à creuser pour trouver de quoi se nourrir. Ils finissent par mourir de faim et de froid." extrait de l'article du Courrier International.
Le Monde, 2016 : La Mongolie victime du surpâturage
L'autre visage de la Mongolie, ce sont ses centres urbains dont Oulan-Bator, la capitale où le smog sévit. Ici, on se chauffe au charbon, une des "richesses" du sol mongol, tout comme le cuivre ou le tungstène.
Wikipedia, by Brücke-Osteuropa
Et voilà la mine de Tavan Tolgoi, plus grande mine à ciel ouvert du pays, dont les réserves totales sont estimées à 6 à 7 milliards de tonnes. Un quart de ces réserves serait du charbon coke de qualité très élevée, utilisé dans la sidérurgie. L'économie de la Mongolie dépend fortement des exportations de charbon et des autres minerais.
Le charbon, source d'énergie qui contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre et donc accentue le changement climatique, bénédiction ou malédiction du pays ? Les mineurs sont fiers de leur travail mais rêvent de traverser les steppes à cheval comme leurs ancêtres. La population se chauffe au charbon et la pollution aux particules fines est un fléau. Le gouvernement a interdit la vente de charbon brut pour les poêles des particuliers mais pour certaines familles le mal est déjà fait : les enfants ont des capacités pulmonaires 40% inférieures que la moyenne et leur développement cérébral peut être affecté.
Comment sortir de ce cercle vicieux ? L'exploitation du charbon participe au changement climatique qui impacte les conditions d'élevage des troupeaux. Les éleveurs augmentent la taille de leurs troupeaux pour avoir un revenu décent, appauvrissant les ressources de pâturages et d'eau. Lorsqu'ils ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, ils s'installent en ville, espérant décrocher un petit boulot. Un des métiers les mieux payés est mineur de charbon...
Le piège se referme.
L'illusion de la croissance économique serait-elle en train de faire agoniser l'identité culturelle nomade des mongols ? Ecoutez The Hu, célèbre groupe de métal mongol, chanter leur souhait d'un développement réconciliant tradition nomade et modernité de la ville. Le chant diaphonique et la vièle à tête de cheval ne vous laisseront pas indifférents et vous redonneront de l'énergie, à n'en pas douter !
Petite sélection de The Hu qui m'a accompagnée pendant l'écriture de mon article : Yuve Yuve Yu, Mother Nature, Shireg Shireg.
Comentarios