Il y a encore quelques jours, nous étions bombardés par les annonces de Black Friday. Un jour où le noir est roi ? Pas sûr, mais profitons-en pour brosser un rapide portrait du charbon.
Il était une fois … il y a environ 350 millions d’années, des forêts englouties sous les eaux et la boue ont commencé une lente transformation en sédiments sous l’effet de la température et de la pression. Tourbe, lignite, houille, bitumineux, anthracite … autant de types de sédiments que nous appelons aujourd’hui charbon.
A chaque type de charbon, ses caractéristiques donc son utilité.
La lignite (dont on dit parfois que c’est un charbon de mauvaise qualité) pour le chauffage ou l’électricité.
Les bitumineux, plutôt destinés à la « cokéfaction » notamment pour la sidérurgie.
Mine de lignite à ciel ouvert, toujours en exploitation et en expansion, Hambach, Allemagne - Photo by Chris Münch on Unsplash
L’extraction du charbon s’est largement développée à partir du XVIIIème siècle et a participé à la révolution industrielle en Europe.
On pense souvent à tort que le charbon est une énergie du passé ou une énergie des pays en développement. Depuis, il aurait été détrôné par d’autres combustibles fossiles : le pétrole puis le gaz ? Que nenni, actuellement, la production d’électricité mondiale est encore basée à 36% sur du charbon (2019). De plus, 7% du charbon consommé dans le monde le sont pour les besoins de la sidérurgie et 4% pour les cimenteries. (A quoi sert le charbon ?, Jean-Marc Jancovici)
Pologne. Black coal deposits. Exploration and machine. View from above. Photo by Curioso Photography on Unsplash
Si utile et si décrié, mais pourquoi ? Parce que la combustion du charbon émet du CO2. On estime que pour produire 1 MWh d'électricité, une centrale à charbon émet 850 kg de CO2, pour produire 1 tonne d'acier, les émissions sont estimées à 1,8 tonnes de CO2. En 2019, le charbon a été responsable de 44% des émissions de CO2 dues à l’énergie.
Depuis qu'on exploite le charbon de nos sous-sols, il ne devrait plus en rester tant que ça ? Les mines du Nord de la France, ou du canton de Vaud, entre Lausanne et Montreux sont désormais fermées, ressources épuisées ou disparition de la rentabilité ?
Malheureusement, les réserves de charbon sont encore pléthore, il en reste « beaucoup trop». On ne peut pas compter sur la fin de la ressource pour diminuer les émissions de CO2 émises lors de sa combustion. Si on veut limiter la hausse des températures en-dessous des 2°C, nous devrons laisser « 80% du charbon disponible dans le sous-sol mondial » (Wikipedia).
Un véritable effort quand on constate l'échec d'écrire noir sur blanc "la disparition progressive du charbon" dans l'accord de Glasgow lors de la COP26. La version finale du texte est "intensifier les efforts vers la diminution progressive du charbon sans systèmes de capture (de CO2)". FranceInfo
Un changement radical de nos façons de faire au regard des 230 mines de charbon, opérationnelles ou en construction, recensées avec un potentiel d'émission de plus de 1Gt pendant la durée de leur exploitation. (1 Gt = 1 gigatonne = 1 milliard de tonnes) Courrier International, Atlas des énergies
Mais qui donc veut encore du charbon ? Le plus grand producteur est la Chine, le plus grand consommateur est la Chine et pour les échanges internationaux, il y a la Suisse ! Il n’y a plus de mineurs de charbon en Suisse, pas de risque de grisou ni de silicose. Le négoce du charbon se fait en costard cravate dans de beaux bâtiments de Zoug, Lugano ou Genève. 40% du commerce mondial de « ce diamant noir » serait négocié en Suisse d’après une enquête de PublicEye.
Alors, saura-t-on un jour se passer de diamants noirs ?
Coal or not coal ? That is the question.
Pour aller plus loin :
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