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Une perceuse, un vélo, un ballon de basket, une tente, une brosse à dents ...

Avez-vous une perceuse chez vous ? Peut-être en avez-vous même plusieurs ! D'après vous, quel est son temps d'utilisation sur sa durée de vie ? ... 12 minutes ! A-t-on vraiment besoin d'avoir une perceuse ? On a besoin de faire des trous, pas forcément de posséder une perceuse.

Est-ce que c'est la même chose pour tous ces objets que nous possédons ?

Le vélo pour enfant qu'il faut changer au fur et à mesure que l'enfant grandit ? Décathlon propose maintenant de louer les vélos pour enfant, ni trop grand, ni trop petit.

Le ballon de basket pour profiter du terrain dans le quartier ? Box-up a installé avec le partenariat de plusieurs villes suisses des boîtes de partage de matériel de sports directement sur le lieu de pratique. Il suffit d'avoir l'application mobile, de sélectionner le matériel (boule de pétanque, ballon de basket, ...), ouvrir un casier et c'est parti!

La tente pour tester l'expérience camping que l'on a jamais osé faire ? La Manivelle, bibliothèque d'objets, présente à Genève, Lausanne et un peu partout en Suisse, présente plusieurs modèles.

Economie de la fonctionnalité, bienvenue !




Bien entendu, il y a des choses qu'on a moins de mal à louer, partager, emprunter que d'autres. C'est rentré dans nos habitudes d'avoir une offre de vélos en libre-service dans les grandes villes. C'est déjà moins évident pour les voitures en libre-service. Pourtant, la location de voiture existe depuis un moment. Mais, on rencontre une personne pour avoir les clés, parfois même pour les rendre, on ne loue pas juste pour un trajet mais pour au minium une journée.

On emprunte les livres à la bibliothèque, on est abonné à une plateforme musicale pour écouter les derniers hits plutôt que d'acheter des CDs ... (des quoi ? Des CD, c'est quoi, maman ?)

Certains d'entre nous louent leur "home sweet home"... mais ne rêve-t-on pas de devenir propriétaire de son chez-soi ? Pourtant, on n'a pas besoin du même chez-soi aux différentes étapes de notre vie : étudiant, célibataire, en couple, avec des enfants, retraités, en perte d'autonomie ...


On a toujours l'impression qu'être propriétaire, c'est mieux ... propriétaire de sa maison, de sa voiture, de son vélo, de ses vêtements, de ses chaussures, de sa brosse à dents ... Hé ! Stop là ! C'est MA brosse à dents !

Imaginez un instant sur le palier de l'appartement, un petit meuble avec un désinfecteur intégré propose quelques brosses à dents en partage pour tous les habitants du même étage, accessible avec une application mobile, "prenez la quand vous en avez besoin" ! D'accord, je n'utilise ma brosse à dent que 6 minutes par jour mais tout de même !


Le jour du partage de la brosse à dent n'est pas arrivé. Que dire des chaussures ? Et bien, L'atelier Bocage a osé : on paie un abonnement mensuel et on a accès à une paire de chaussures neuves tous les deux mois. Au bout des deux mois, on ramène la paire de chaussures en magasin, elle sera est nettoyée et remise à neuf puis revendue moitié prix dans les magasins Bocage en tant que chaussures de seconde main (ou de second pied ?). Tout comme vendre sur Vinted peut déculpabiliser les acheteurs compulsifs de vêtements et les inciter à acheter encore plus, on peut discuter de l'effet rebond de cette offre.


Néanmoins, je pense que cette proposition, comme les exemples cités plus haut, nous interroge sur notre relation à la propriété et notre relation au soin.

Parce qu'être propriétaire n'inclut pas un devoir de soin : "le droit de propriété est le droit d'user (usus), de jouir (fructus) et de disposer (abusus) d'une chose, d'en être le maître absolu dans les conditions fixées par la loi." Wikipedia

Parce qu'on peut prendre soin des objets dont on n'est pas propriétaire, peut-être même encore plus puisque l'objet devra être rendu ?

On peut ne pas être attaché aux choses matérielles et reconnaître que les choses ont une valeur : travail réalisé, extraction des ressources, distances parcourues, impact environnemental, bien commun, ...


L'économie de la fonctionnalité continuera à se développer dans les prochaines années, mais pour qu'elle ait un réel impact sur la réduction de l'extraction des ressources, il faudra sans doute ne pas manquer quelques étapes en amont :

- réapprendre à reconnaître la valeur des choses, qu'elles nous appartiennent ou pas, sinon on continuera de trouver des trottinettes électriques en libre-service qui finissent leur vie dans le lac, et bien d'autres choses ...

- s'interroger sur nos besoins pour éviter les effets rebond.


Cet article m'a été inspiré par l'interview de Clément Hostache, Share & Smile dans le podcast The Big Shift et les échanges enrichissants lors de la Fresque de l'économie circulaire que j'ai animée ce mercredi.


PS1 : Définition issue de la Fresque de l'économie circulaire :

- L’économie de la fonctionnalité consiste, pour une entreprise, à proposer l'usage d'un bien ou d'un service et non le bien lui-même. Le client paye un service par heure, par unité, par performance... L'industriel reste propriétaire du bien et se charge de l'entretien et de la durabilité du produit.


PS2 : Avoir (des biens matériels) pour être ? Être pour avoir ? Être sans avoir ? Des questionnements philosophiques intéressants mais je n'ai pas les connaissances pour y répondre.



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